Arthur Rimbaud:
TOMBEAU
Qu'on me loue enfin ce tombeau, blanchi à la chaux avec les
lignes du ciment en relief, - très loin sous la terre.
Je m'accoude à la table, la lampe éclaire très
vivement ces journaux que je suis idiot de relire, ces livres sans
intérêt.
A une distance énorme au-dessus de mon salon souterrain,
les maisons s'implantent, les brumes s'assemblent. La boue est rouge
ou noire. Ville monstrueuse, nuit sans fin!
Moins haut, sont des égouts. Aux côtés, rien
que l'épaisseur du globe. Peut-être les gouffres d'azur,
des puits de feu? C'est peut-être sur ces plans que se rencontrent
lunes et comètes, mers et fables.
Aux heures d'amertume, je m'imagine des boules de saphir, de métal.
Je suis maître du silence. Pourquoi une apparence de soupirail
blêmirait-elle au coin de la voûte?
Arthur Rimbaud (1854-1891):
Die Ewigkeit - L'éternité
Der Schläfer im Tal - Le dormeur du val
Die Liebe - L'amour
Stern - Etoile
Le bateau ivre
Départ
Tombeau
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